Rencontre avec l'absurde
En découvrant Sisyphe, j'ai senti l'absurde.
En visitant l'Inde, j'ai vécu l'absurde.
Lutter, recommencer, s'acharner, courir, se questionner, s'entretuer, se façonner, se mouler, enquêter, rechercher, s'empoisonner, se verrouiller, sauter, chercher, chercher, chercher, attendre, espérer, rechercher, finir, souhaiter, se masturber, se poursuivre, s'acharner, paresser, errer, donner, attendre, ne pas savoir, ne pas être sûr........... aimer, pourquoi, vraiment, s'égoïser, ne pas croire, ne pas vouloir, vouloir exister, le soi, la soie, les noeuds, les torticolis, les fouillis, les préciser, les affiner, les voyager, les sublimer, les enjoliver, les détester, les lisser, les paraitre, le vrac...
Voyage au coeur de soi...
Sublimer l'absurde en sentant la foi. Abolir l'absurde en ayant foi. La problématique de l'absurde trouve une résolution en elle-même par l'absurde. Guérir de l'absurde par l'absurde. Céder l'absurde en entrant en son coeur.
En Inde, si on ne cède pas à l'absurde, on ne rencontre pas l'Inde, et on céde à la folie.
J'ai essayé de retrouver cet absurde par quelques observations annotées:
"Il asperge d'huile l'intérieur de son magasin d'optique",
"Je dois peser mes lettres chez l'épicier car la poste n'a pas de balance",
" Un policier aux pieds nus",
" Le taxi dit de ne pas m'inquiéter, il va prendre une route à l'envers",
"des stands pour se faire nettoyer les oreilles en plein rue",
Mais non, je ne suis pas satisfaite. Certes, il s'agit de ça. De faits incongrus, et visibles nul part ailleurs. mais ce n'est pas ce que je veux exprimer. le rapport aux choses est différent de tout en Inde. Il est complètement dingue, illogique, absurde, mais c'est très sérieux. Vouloir le comprendre serait le nier, l'annihiler de son sens propre. Rentrer dedans serait s'approprier quelque chose qui n'est pas à soi. Y résister serait s'y confronter, s'y opposer, se verrouiller, annuler la rencontre, et nier une part de soi... en passant par tous ces états, on se laisse peu à peu guider. On comprend peu à peu tout ça, et se présente à nous le choix de la rencontre, ou pas, le risque de lâcher, ou pas... En relâchant quelque chose, on comprend qu'on accède à cet absurde, qu'il est en nous. et que tout cet absurde, c'est très sérieux. Comme s'il se matérialisait. Comme si cet informe, qui pourrait nous bouffer de l'intérieur, prenait une forme. Et le voir, l'entendre, le sentir, le gouter soulage, apaise, fait sens. Il me semble que le grand paradoxe de l'Inde se situe par là. Le complètement dingue fait naitre le complètement logique. Va comprendre! sauf qu'il n'y a rien comprendre, mais qu'il est important d'y croire.
Alors le soi n'est pas résolu, le soi reste un voyage, mais on le touche d'un peu plus près. On le sent, on le jubile. Le plus drôle est qu'une fois effleuré, senti, on le quitte très vite. Je ne sais pas s'il brûle, je ne sais pas s'il pique, mais il nous échappe. C'est un peu dur comme séparation. Et ce qui n'est quand même pas très drôle, c'est que 2 ans plus tard, on se rend compte qu'on est reparti au début de la page: lutter, recommencer, s'acharner, courir, se questionner, s'entretuer, se façonner..........
Mais qu'est ce que j'ai fait de mon fil ???!!!...
Et si on sautait ??
Ah bah oui d'accord tient, à force, je vais peut être bien pouvoir le retrouver ce putain de fil. Alors je vais sauter jusqu'à épuisement, donner autant que possible, lâcher autant que possible, sauter sans s'arrêter. Le projet me plait, encore plus parce qu'il est partagé et montré. Il fait vivre qqch et l'exprime sous des regards. Revivre l'absurde, chacun et ensemble. Et être heureux de le faire et de la vivre...